Il arrivait souvent autrefois que chaque paroisse se suffisait par elle-même. Quand on ne pouvait pas le faire soi-même, on avait quelqu’un pour travailler le fer, le cuir, le bois, un endroit où acheter ce que l’on ne produisait pas, etc… Cependant, pas de luxe, que des choses utiles. C’était presque de l’autosuffisance.
Aujourd’hui, avec le changement de mode de vie et la modernisation dans beaucoup de domaines, plusieurs métiers ont disparu ou se sont modifiés. Nous avons retracé quelques-uns de ces anciens métiers qui s’exercèrent à St-Jacques.
– Les voituriers
A St-Jacques, en 1873, se trouvent deux fabriques de voitures, très prospères semble-t-il. La première, fondée vers 1860 par M. Abraham Falcon, est suivie en 1869par celle de MM. N. et A. Filion. On y fabriquait toutes sortes de voitures : des plus lourdes aux plus légères auxquelles on accordait autant de soin dans la finition que dans la solidité. Par la nature même de leur production, ces entreprises disparurent avec l’avènement de l’automobile.
– Les aubergistes
Dans les comptes-rendus municipaux, de 1866 à 1905, on retrouve à chaque année ou presque des demandes de licences pour auberges. On y vendait les liqueurs « spiritueuses », comme on appelait l’alcool à cette époque. En 1868, 5 licences sont accordées, ce qui est beaucoup pour une même paroisse! Les campagnes pour la tempérance étaient à la mode!!! Les curés, du haut de leur chaire, ne manquaient pas une occasion de fustiger en paroles les ivrognes. En 1906, une demande de licence est refusée et la paroisse n’aura plus d’auberge ou d’hôtel pour une très longue période. En 1921, on vote un règlement interdisant toute vente de boissons enivrantes dans les limites de la municipalité. Quelques noms d’aubergistes : Alfred Bombardier, Léon Desranleau, Moise Lefevre, Louis Martin, Moise Robert, Henri Bourassa, Elisée Demers.
– Fromagerie et beurreries
La première fromagerie aurait vu le jour à St-Jacques vers 1873. Les co-propriétaires en étaient Messieurs Falcon, Bousquet et le Dr. Guérin-Lafontaine. Nous croyons qu’elle aurait été située près de la Monté St-Jacques aujourd’hui. Quant aux beurreries, nous savons que vers 1900 il en existait 4 qui desservaient la paroisse. Une première située dans l’actuelle maison de M. Roch Beaudin au coin de la Monté Langevin : le propriétaire était M. Bellemare. Une deuxième, au village, dans une maison appartenant aujourd’hui à M. Rolland Lanciault et située sur la rue St-Marc. Les deux autres étaient dans le Bas du Ruisseau. Une sur le Chemin du Ruisseau sur le terrain actuel de M. Josaphat Lucier : elle appartenait à M. Trudeau. La dernière était sur le rang Ruisseau des Noyers, non loin de la Montée Chemin des Bouleaux et elle appartenait à M. Charles Larocque.
– Les selliers
Ce métier, devenu rare en même temps que les chevaux, était pourtant indispensable autrefois. On a retracé le nom d’au moins deux selliers établis à St-Jacques : M. Absolon Brosseau et M. Pierre Brière.
– Forgerons
Toutes les paroisses avaient leur forgeron, cela aussi était indispensable. À St-Jacques, le dernier forgeron fut M. Uldège Daigneault. Son fils Roger prit la relève, mais les besoins étant changés, le vrai métier de forgeron disparut avec son père. Quelques prédécesseurs de M. Daigneault : Ephraim Biscornet, Léon Dupuis, Abraham Falcon, Albert Filion, Aimé Babeu.
– Les marchands
On peut dire qu’à St-Jacques la tradition du magasin général ne s’est pas perdue encore. Même si on ne retrouve pas la variété de marchandises comme les autrefois (mercerie, épicerie, etc…) on va chez Lamarre pour « placoter » se raconter les nouvelles de la paroisse, passer des commentaires sur tel et tel événement. Depuis les Martin, Ephrem dit « Vieux Bonneau » et son fils Oscar dit « Ptit Bonneau », plusieurs marchands se sont succédé jusqu’à M. Lamarre, transformant le commerce pour devenir épicerie selon les besoins de la population.
Il y eut aussi le magasin de M. Eric Lanciault auquel succéda son fils Arthur. Ce dernier construisit une bâtisse plus grande qui contenait outre le magasin, un restaurant et il offrait aussi le service de pompes à essence. Aujourd’hui cette bâtisse, propriété de M. Lusier, abrite des logements.
À la même époque que Monsieur Martin et Lanciault, un troisième magasin appartenant à M. Rémi Surprenant existait sur la rue Principale, en face à peu près de l’actuelle épicerie de M. Faucher. Cette maison fut détruite par le feu. Incidemment, en parlant de l’épicerie de M. Faucher, il est intéressant de noter que cette maison était un hôtel au tout début de 1900.
– Les moulins à vent
St-Jacques eut, il y a bien longtemps, deux moulins à vent en pierre. On y venait faire moudre les grains de toutes sortes. Il y en avait un situé sur le rang Ruisseau des Noyers, sur la propriété de M. Bernard Derome aujourd’hui, et l’autre dans le village sur la rue du Moulin, d’où vient son nom.
La liste pourrait être longue de tous les métiers ou occupations exercés à St-Jacques. Certains existent encore, d’autre non. Mentionnons encore des couturières (Mme Thibert, Mme Paméla Gamache, Mlle Léopoldine Barbeau
C’est à ces anciens métiers que nous devons aujourd’hui plusieurs des noms de rues qui composent le développement domiciliaire des Jardins-St-Jacques.
À travers quelques professions
– Les Notaires
Au 19e siècle, on retrouve plusieurs noms de notaires exerçant leur profession à St-Jacques. Certains furent secrétaire-trésorier pour la Municipalité : J.E. Coderre, Alphonse Lefebvre, J.O. Poirier et Moise Héroux. D’autres le furent pour la commission scolaire : Ephrem Bouchard, François Banlier-Laperle. C’est ce dernier qui donna à la commission scolaire, en 1847, le terrain sur lequel fut construite la première école du village.
– Un médecin
Le docteur Bénonie Guérin-Lafontaine fut une personnalité importante dans la paroisse. Né à St-Jacques, le 14 février 1843, il fut baptisé à St-Philippe. Il épouse Delphine Normandin, le 20 février 1871. Pendant plus de 50 ans, il pratique sa médecine à St-Jacques. Il prend sa retraite en 1923. Jusqu’à sa mort, le 4 janvier 1925, il passe l’hiver à Montréal chez son fils, et l’été il revient à St-Jacques. Il est inhumé dans le cimetière de St-Jacques.
– Un député
M. Alfred Pinsonneault fut baptisé le 2 juillet 1829 à Napierville. Le 24 octobre 1848, il épouse à L‘Acadie Florence Roy. Il est nommé lieutenant-colonel du 7e Bataillon de la Milice de Huntington. Il sera député de 1863 à 1867 pour ce qui est encore le Bas-Canada, et de 1867 à 1887 pour la Province de Québec dans la nouvelle Confédération, représentant du parti conservateur. Il est élu maire de St-Jacques de 1884 à 1887. M. Pinsonneault décède à St-Jean le 20 août 1897 et est enterré le 23 août dans la crypte de l’église de St-Jacques-le-Mineur.
Texte de Louise Taillon
Album souvenir de St-Jacques-le-Mineur, 1834-1984